Il était une fois un humble et talentueux sculpteur de pierre. Il était habile et créatif et pouvait faire sortir de la roche toutes les formes imaginables. Les gens le voyait comme libre et heureux, mais en réalité il était pauvre et parfois il perdait le moral. « Je n’en peux plus de tailler dans la pierre au pied de la montagne » se dit-il. Son travail lui semblait des plus ardus et la présence du soleil lui rendait la tâche difficile. Le petit sculpteur était assoiffé et tout en sueur lorsqu’il se dit : « Ah, si seulement, j’étais le soleil, j’aurais la vie belle, rien ne pourrait arrêter mes rayons, le soleil est plus fort que tout ». Au même instant une fée l’entendit et le pris en pitié. Alors le petit tailleur de pierre se transforma en soleil et voilà qu’il brillait de toute sa force au-dessus de la montagne. C’était exactement comme il l’avait imaginé dans son rêve lorsque soudain, de gros nuages noirs arrivèrent et l’empêchèrent de continuer à rayonner et répandre sa lumière et sa chaleur. « Ah, si seulement j’étais un nuage, j’aurais la vie belle, rien ne pourrait m’arrêter, en fait, ce sont les nuages les plus forts. Ils le sont bien plus que le soleil ».La fée était toujours à l’écoute, et à peine eut-il dit cela que le tailleur se transforma en un gros nuage dense, empêchant les rayons du soleil d’arriver jusqu’en plaine. C’était comme dans son rêve, il se sentait le plus fort lorsque soudain, le vent se leva. En quelques minutes, il chahuta et dispersa tous les nuages. Il n’en restait plus un dans le ciel. « Ah, si seulement j’étais le vent, se dit le tailleur, j’aurais la vie belle, rien ne pourrait m’arrêter, le vent est plus fort que les nuages, plus fort que le soleil ». Et il se transforma aussitôt en vent. Le tailleur s’amusait à souffler sur les nuages, les chassant au loin, soulevait les feuilles et secouait les branches des arbres, ôtait les chapeaux des gens, et même, se mit à souffler si fort qu’il se changea en tempête, faisant valdinguer tout ce qui se trouvait sur son passage. Soudain, quelque chose l’arrêta. Surpris, le tailleur regarda devant lui et découvrit la montagne qui venait de l’arrêter. Il était stupéfait. Coupé dans son élan il se dit alors « Ah, si seulement j’étais la montagne, se dit-il alors, je serais le plus fort, beaucoup plus fort que le vent, que les nuages ou que le soleil ». La fée attendrie se plia encore à sa volonté. A peine ses mots furent-ils prononcés qu’il se transforma en montagne. Et là, il régnait en maître tout puissant. Il dominait tout. Ses sommets dépassaient les nuages et il pouvait voir au-dessus du monde à l’infini sans que rien ne l’arrête. Ni le soleil ni le vent ne pouvaient non plus le perturber. Cette fois c’était bien lui le plus fort. Soudain, quelque chose l’ébranla. Tic, tic, tic .. On aurait dit qu’à ses pieds…. Ciel ! Interloqué il aperçut un petit tailleur de pierre. Imperturbable avec patience et adresse, massette et ciseau en main il creusait son pied, lui donnant les formes qu’il voulait.. Il s’en voulu, et la nostalgie de cette liberté lui empli le cœur. « J’avais tout et je ne le savais pas, et maintenant je suis figé éternellement, incapable de stopper ce petit tailleur de pierre » pleura-t-il. La fée intervint une dernière fois et le ramena au pied de la montagne avec ses outils. Nul besoin de mots, le petit artisan avait compris et se remit à l’ouvrage avec ardeur, libre et heureux. Sculpter la pierre était bien le plus beau métier du monde.