Vandalisée en décembre, la muse de la danse s’est fait greffer un nouvel avant-bras. Un travail minutieux.
C’est comme si la muse de la danse avait passé l’été à bronzer avec un gant. Blanche comme le lait, la main gauche se distingue du reste du corps, patiné par des années d’exposition à la météo et à la pollution de la place Neuve. « Dans quelques mois, on ne verra plus la différence », assure Philippe Meylan, de la Direction du patrimoine bâti de la Ville.
Après l’acte de vandalisme de décembre, la statue du Grand Théâtre a donc retrouvé sa main gauche. On ne sait toujours pas qui a commis le forfait et la pièce d’origine n’a jamais été retrouvée. Le déséquilibré qui s’est attaqué à plusieurs monuments en début d’année? Peut-être.
Un bloc de pierre de Lens
Parce qu’ « une pièce dégradée entraîne rapidement de nouvelles dégradation », dixit Philippe Meylan, la Municipalité a dû immédiatement se mettre à la recherche d’images de l’oeuvre. Grâce au service de conservation du patrimoine, des photos de la statue avant la cassure ont été rassemblées. Puis, la Ville, en charge du Grand Théâtre, a attribué la mission de reproduire l’avant-bras et son tambourin à Vincent Du Bois l’un des rares sculpteurs sur pierre genevois. L’artisan a d’abord réalisé un modelage de la partie manquante sur l’original. Ensuite, il l’a retaillé dans un bloc de pierre de Lens, une pierre blanche très fine, » en reproduisant ces mains puissantes et féminines, dont le style est typique du XIXe « , explique celui qui conjugue artisanat et création artistique. « L’une des difficultés du raccord entre l’original et la restauration a été de reproduire le ruban entre la main et le tambourin qui, en réalité, sert à la tenue », dit-il. Enfin, Vincent Du Bois s’est chargé de la greffe de la main au mois de juillet.
Ainsi, la nouvelle saison du Grand Théâtre démarrera avec ses quatre statues au complet. Aux côtés des allégories de la tragédie, de la musique et de la comédie, la muse de la danse observe la place Neuve depuis plus de cent ans. Elle est l’oeuvre du Parisien Jules Salmson, directeur de l’Ecole des arts industriels de Genève, qui la sculpe en 1879 quand le théâte de Neuve est agrandi et modernisé.
Grande valeur patrimoniale
Au lendemain de l’acte de vandalisme, Philippe Beuchat, conseiller en conservation de la Ville, rappelait la portée de la pièce trônant sur le parvis du Grand Théâtre: « En termes marchants, on ne peut pas dire combien elle vaut. Mais il s’agit d’une oeuvre de qualité qui a une grande valeur patrimoniale. La fin du XIXe siècle et une époque importante pour la sculpture en Europe. » Pour rapiécer cette pièce du patrimoine genevois, il en a coûté un peu plus de 10’000 francs à la Ville.
TRIBUNE DE GENEVE . 24 août 2015
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