Vingt ans après la dernière restauration, l’état de conservation du décor sculpté en attique, le plus exposé aux intempéries, est devenu préoccupant. Pour y remédier, un chantier s’est ouvert fin juin 2012. Les statues d’Adonis, Flore, Antinoüs et le Faune, en marbre blanc de Carrare, ainsi que les quatre lions et quatre lionnes en grès – probablement du Mont-de-Sion – qui couronnent les façades latérales, ont été réalisées entre 1884 et 1890 par le sculpteur romain Luigi Guglielmi (1834-1907).

Les grands lions sont les plus altérés. L’intervention actuelle consiste, dans un premier temps, à consolider en profondeur les failles qui les cisaillent et à réduire la pénétration d’eau. Cependant, cette opération ne peut que freiner le processus irréversible de dégradation de la pierre. En effet, selon le sculpteur sur pierre Vincent Du Bois de l’Atelier CAL’AS, la décomposition géologique des liants du grès a entraîné un délitement par feuilles. Dans une seconde phase, il s’agit de recomposer certaines parties manquantes (mâchoire, crinière, dents, pattes). Il est urgent de préserver une empreinte de ces sculptures dans leur état actuel. Pierre Buchs, sculpteur sur pierre, explique qu’un estampage traditionnel comporterait un risque d’arrachement de matières. Dès lors, un scan 3D effectué de nuit en collaboration avec l’EPFL a été privilégié. Il permettra de réaliser des copies fidèles qui remplaceront à moyen terme les originaux. De part et d’autre du bahut nord, les deux atlantes sculptés en grès présentent un vieillissement similaire et font eux aussi l’objet de soins spécifiques.

Quant aux quatre sculptures néoclassiques en marbre, mieux conservées, elles sont nettoyées par brumisation : un système où l’eau ruisselle sur toute la surface pendant environ une semaine. Gorgés d’eau, les résidus organiques (mousse) et salissures sont alors soigneusement détachées au jet de vapeur. Les rares parties manquantes, surtout des doigts, sont complétées en marbre blanc. Cette intervention a donc permis aux statues d’angle de retrouver leur blancheur originelle et aux félins de résister encore quelques années aux intempéries avant d’être un jour déposés.

Ana Quintero Chatelanat.

GAZETTE DU MUSEE ARIANA . 20 septembre 2012